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22/11/2013

Sombre dimanche d’Alice Zeniter

Sombre dimanche,
Les bras chargés de fleurs blanches,
Un dimanche matin, poursuivant mes chimères
La charrette de ma tristesse est revenue sans toi….


Un roman triste mais nécessaire.

Une très belle écriture, un style simple et efficace. Nous voilà plongé dans un univers clos mais soumis aux bourrasques de l’Histoire. Une famille hongroise habite dans une maison encerclée par les chemins de fer de Budapest. Cette maison c’est toute l’histoire de la Hongrie. Pays qui va subir les invasions les unes après les autres et puis quand le rideau de fer tombe, ce pays sombre dans un capitalisme effréné tout autant agressif et envahissant.

Imre est le petit fils de cette famille qui voit les femmes disparaitre, mourir. C’est une famille qui se tait. Il va découvrir au fur et à mesure, le passé de cette famille. C’est une découverte lente et difficile. Il va tenter de sortir de cet enfermement mais il semble prisonnier du passé. Il va tomber amoureux d’une jeune Allemande qui cherche à connaitre une vraie vie qui serait incarnée dans les ex pays communistes non corrompus par le capitalisme. Mais tout comme le Français communiste qui va séduire et détruire la sœur d’Imre, cette jeune femme va quitter le navire et abandonner Imre qui va se retrouver face à sa famille.

Le titre fait référence à une chanson et à un anéantissement qui va mener à un geste désespéré qui aura des conséquences sur plusieurs générations.

C’est un roman où les frontières entre liberté et asservissement sont indécises où les personnages les plus coupables ne sont pas ceux que l’on pense et où ceux qui semble savoir / détenir la vérité sont à la fois les plus mesquins et les moins attachants.
Un roman où l’on découvre l’Europe centrale et ses déchirements à travers cette famille qui symbolise les déchirements, les errements, les espoirs ratés et où l’ouverture n’apporte que peu de choses.


22/01/2013

L’Iliade et l’Odyssée d’Homère

Cela faisait longtemps que je voulais lire cette œuvre mais je craignais la lourdeur de la langue antique. Et bien je ne sais si j’ai eu de la chance ou si la version numérique est expurgée mais j’ai eu une très bonne surprise. Ces deux épopées se lisent aisément.

J’ai pu ainsi faire le lien entre le jugement de Pâris, Helene, Troie et Achille. Par contre dans cette version de l’Iliade, le rôle d’Ulysse est limité dans cette partie puisqu’il est un intermédiaire entre Agamemnon et Achille. En outre, l’Iliade se finit sur le cheval de Troie mais c’est une chute rapide et vraiment le nœud de l’histoire n’est pas ce cheval ni même le jugement de Pâris mais la guerre des dieux et les oppositions entre Achille et Agamemnon.

Concernant l’Odyssée on y retrouve Ulysse qui est loin d’avoir fait un beau voyage par contre le long voyage y est. Je n’ai pas retrouvé l’épisode des écuries d’Augias. On retrouve Ithaque et Pénélope et j’ai découvert la fin que je ne connaissais pas bien où Ulysse va combattre les prétendants.

C’est écrit simplement et efficacement. Je me ferai un plaisir de relire ce livre et cela m’a donné envie de lire d’autres légendes grecques, voire d’autres versions. D’après la préface, le document est basé sur le livre adapté par Jane Werner Watson Editions des deux coqs. Document réalisé par Jean Philippe Marin, qu’il en soit remercié.
Voici son site www.iliadeodyssee.com et son adresse jpmarin@videotron.ca

Première phrase de l’Iliade : « Un jour, il y a près de trois mille ans, un navire peint de brillantes couleurs, entrait dans un port du pays qui s’appelle encore la Grèce. »
Première phrase de l’Odyssée : « Voici l’histoire d’Ulysse, fils de Laerte, de qui le monde entier connait la renommée. »

16/12/2012

Hier d’Agota Kristof

Cet auteur, Hongroise, écrit sur la douleur de l’émigration et sur l’impact sur la santé morale des immigrés.

Ses personnages souffrent de nostalgie, de déracinement. C’est une atmosphère lourde et grise très bien rendue par une écriture serrée. Les personnages ne savent pas, ne peuvent pas communiquer même avec les gens qui leur sont les plus proches.

L’histoire est celle dans un homme immigré qui rêve d’une femme idéale, idéalisée et qui ne sait pas, plus regarder le monde autour de lui. Il va retrouver cette femme... Qui se trouve être sa demi soeur, sans le savoir. C'est un être déraciné et dont l'enfance a été misérable.

Il est entre réalité et onirisme qui va l’amener au bord de la folie et du crime. Mais son mal être est tel qu’il n’arrive ni à communiquer, ni même à mettre en mots le pourquoi de ce qui lui arrive.

C'est un roman qui dérange.


"Hier, il soufflait un vent connu."

21/10/2012

Les Bosniaques de Velibor Čolić

Un livre coup de poing. Le sous titre "hommes, villes, barbelés" est très parlant.

Il y a trois grands chapitres qui racontent des histoires de morts, de guerre. Dans la première il s'agit d'épitaphes rédigées pour des anonymes dont aucun journal, aucune TV n'a parlé mais qui en quelques lignes racontent un destin tragique, des tortures.... Ou alors un meurtrier(e). Trois classes Les musulmans, les serbes et les croates. Et même si les atrocités sont plus pressentes dans certaines parties que dans d'autres, on ne peut pas dire qu'un groupe soit entièrement innocentés. c'est poignant.

Dans la seconde partie, il est question de villes et de leurs anéantissements. La liste est longue et les récits tragiques. Une sorte de litanie pour oublier l'oubli. J'avoue avoir reconnu certains noms comme Mostar, Sarajevo, mais je ne connaissais pas Modriča, Visegrad.

Dans la dernière partie il est question de camps de prisonniers. Il y est question de femmes, d'hommes, de mort, de juifs, de honte...

L'auteur qui a connu la guerre et ces camps de prisonnier a écrit un livre dont ma note ne peut que rendre injustice.

Il faut lire ce livre... C'était il y a vingt, c'était à coté, c'était en Europe. J'avais 24 ans et cela me semblait si loin... Je n'y comprenais rien, je n'ai rien dit, rien fait...

Que faut il faire pour éviter une telle guerre? Comment éviter que cela ne revienne? Il y a comme une odeur fétide qui monte de notre époque qui laisse à penser que ces craintes ne sont pas infondées.

Le pire de ces listes est que régulièrement ce sont des voisins qui commis ces meurtres... Guerre civile, fratricide...

La première phrase est une prière "Ave MARIA, gracia plena..."

05/06/2012

Áron Tamási : Ábel dans la forêt profonde

Une note que j'aurais du rédiger il y a longtemps. Mais un livre chasse l'autre. Et puis celui ci est loin de m'avoir passionné. Je l'avais acheté à Bron sur les conseils du même libraire qui m'avait conseillé "le destin miraculeux de Edgar Mint". Alors je lui pardonne ce conseil raté. Il me l'avait vendu comme un livre pour adolescent / écologique.

Abel est une histoire pour enfant. Il s'agit d'un livre Hongrois dont la préface est dithyrambique en parlant d'un chef d'oeuvre sauvé de l'oubli. Je ne partage pas l'enthousiasme de la traductrice. 

Un jeune garçon issu d'une famille très pauvre quitte son foyer pour gagner sa vie. Il se retrouve au milieu de la foret en plein hiver. Sorte de garde forestier, il va être confronté à la vilenie des puissants, des gredins, des religieux. Cela sera l'occasion de faire des bons mots et de se forger une certaine philosophie de la vie.

C'est bien écrit, ce personnage est parfois amusant. C'est Rabelaisien. Certaines descriptions sont pleine de vie mais cela m'a paru très long. Je ne vois comment ce livre pourrait parler à des enfants de notre temps. C'est trop éloigné de leur vie quotidienne et cela n'a rien de prenant comme Alice au pays des merveilles. Il me faudra faire des recherches sur internet sur ce qu'ont pensé les autres lecteurs. 

Ici on en pense beaucoup de bien comme quoi... Il faut se faire son propre avis.

http://jeanlau.canalblog.com/archives/2009/06/20/14152016.html

La 1ere phrase : "En cette mémorable année 1920, autrement dit un an après que les Roumains nous eurent pris en main, nous les Sicules, ma vie prit également un formidable tournant."

24/04/2012

Sofi Oksanen : "les vaches de Staline"

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman dont j'avais entendu / lu beaucoup de bien. Petite soeur me l'avait offert pour mon anniversaire. Depuis il était resté dans les étagères, il en est sorti pour rejoindre les bagages lors de nos dernières vacances. Bien m'en a pris.


Une succession d'aller - retour dans le temps. Une femme et sa fille. Estonienne, elle va se marier avec un Finlandais dans les années 70. Il y a encore le mur de Berlin, l'Estonie est une annexe du bloc soviétique. Les cicatrices de la guerre et de l'annexion existent encore et sont même encore ouvertes pour certaines. La mère cache ses origines. Elle ne pourra pas retravailler alors qu'elle était ingénieur. Elle devient paranoïaque peut être avec quelques raisons. Elle ne se fait pas à son nouveau pays. Elle va passer sa vie à faire des aller retours compliqués entre Tallinn et la Finlande. Sa fille doit cacher ses origines, lié aux problèmes du couple, cela va donner une jeunesse très erratique. La jeune femme va développer un comportement alimentaire très particulier (c'est un euphémisme en fait elle souffre de boulimarexie). Et l'autre partie du roman est consacrée à cette jeune femme qui ne sait pas qui elle est, qui a une nostalgie d'un autre pays, autre monde qui lui faut cacher.

C'est difficile à résumer, c'est dans tous les cas un roman prenant qui nous fait amène dans une période de l'histoire Européenne que nous avons oublié, occulté ou ignoré pendant longtemps. C'est un style cru qui ne plaira pas à tous le monde mais il fait ressortir l'enfermement de ces deux femmes.

"Ma première fois, c'était différent."

18/03/2012

Des chaussures pleines de vodka chaude de Zakhar Prilepine

Que dire de ce livre? C'est un recueil de nouvelles.

Prilepine semble être un écrivain russe couronné de succès et avec du courage.

Mes amies grandes lectrices ont beaucoup aimé et moi je me suis ennuyée. Le style est bon, ce n'est pas la question. C'est de la littérature très marquée Europe de l'est, il y est beaucoup question d'alcool et de désespoir. Les hommes et les femmes vivent dans des univers qui se croisent mais ne se rencontrent pas. Les hommes boivent, tuent, glandent et les femmes sont peu présentes.

Bref je n'ai pas aimé comme vous l'aurez compris

20/12/2011

"Les toutes premières choses" de Hubert Klimko

Un petit livre très réjouissant et qui me réconcilie avec la littérature Polonaise. Il faut avouer qu'après les Pérégrins, j'avais un apriori négatif. Et bien mes amies littéraires m'ont convaincues de tenter ce roman, et c'est tant lieux car je me suis régalée.

Ce roman court narre l'histoire de l'auteur. Et contrairement à un E Carrèrre le moins que l'on puisse dire c'est que H Klimko ne se prend pas au sérieux. Sa vie ne semble pas un long fleuve tranquille ni particulièrement drôle. Néanmoins il réussit à la décrire de telle façon que j'ai été prise de plusieurs fous rire. C'est une écriture légère, prenante et tendre. Il réussit à décrire ces gens qui ont traversé son quotidien de telle façon que l'on se prend à vouloir les rencontrer. Je n'oublierai pas d'aussi tôt Hiroshi et ses foies de volailles. Finalement la destinée cela peut être liée à peu de choses. Pareil pour le psychiatre...

Deux bémols: C'est trop court (mais 2 autres romans sont déjà traduits) et j'ai quelques doutes sur la traduction dans certains passages je ne suis pas sure que la traduction n'était pas trop littérale (visite chez la famille Allemande).

Et puis je ne connaissais pas le peintre Podkowinski et cela m'a permis de combler une lacune.

Bref vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé ce roman.

"Je suis né à BIELAWA le douze janvier mille neuf cent soixante-sept."

18/12/2011

« L’an prochain à Tbilissi » de Sana Krasikov

 

Une série de nouvelles en direct de l’Ex Europe de l’Est. Six des huit nouvelles ont pour personnages principales des femmes Russes, Géorgienne, ou de toute autre ex république soviétique. C’est très bien écrit. Il y est question de nostalgie, d’exil, de pertes, d’avenir meilleur. C’est toute l’ambiance de cette région qui est retranscrite. C’est à la fois oppressant et typique.

 

Dans la première nouvelle : Ilona, Géorgienne divorcée doit faire face à un divorce et des difficultés financières. Il y est question de solitude, de profiter des uns et des autres mais qui profite de qui ?? Il y est aussi question de renoncement.

 

Dans la seconde nouvelle : Maia est également Géorgienne. Récemment immigrée reçoit la visite de son fils adolescent. Comment rester en contact avec ses proches lorsque l’on est déraciné.

 

« L’alternative » traite de choix non assumés, mais aussi d’options, de choses qui auraient pu être mais qui ne seront jamais. Toujours des choix matériels versus des choix de cœur. Un homme doit faire face à son passé.

 

« Asal » illustre la montée de la place de l’Islam à Tachkent et le choc de deux civilisations. C’est l’exploitation de la femme mais aussi les faiblesses de l’homme qui subit ou du moins qui ne sait pas échapper à la tradition.

 

« Cher et tendre » est une histoire de papiers et d’émigration. Mais également une histoire de misère vue par différents angles.

 

« Dettes » traite également de l’exil et de la famille mais cette fois il s’agit de savoir qui s’est le mieux adapté et de l’entraide entre immigrés.

 

« Les rapatriés » est l’histoire peu ordinaire d’un divorce. Cela commence comme une histoire d’amour et de retour au pays et cela finit par une séparation peu glorieuse et un retour aux US. C’est une de mes nouvelles préférées. On y retrouve la décadence, le mal du pays qui poussé à l’extrême donne au pays d’origine une aura inattendue, la trahison pour l’argent, …

 

« Il n’y aura pas de quatrième Rome » est la dernière nouvelle. Il y est également question de trahisons passées, à venir. C’est également une histoire de naissance voire de renaissance.

 

C’est une écriture qui rend à merveille cette atmosphère très particulière que j’ai pu ressentir quand je me suis rendue à Moscou et/ou en côtoyant des personnes des ces pays. On pourrait sans doute le définir comme le coté  sombre slave. C’est oppressant.

 

Bref un bon livre à lire pour connaître / appréhender le sort / les dilemmes de ces femmes de l’Europe de l’Est. Bien que les hommes soient peu présents dans ce livre ou alors en filagramme, leur sort n’a rien de vraiment enviable. On trouve également en filigrane un portrait des US peu flatteur. 

La première phrase de la première nouvelle :

"Depuis son arrivée en Amérique et son divorce, on avait à trois reprises essayé de caser Ilona Siegal.

14/08/2011

Côme de Srdjan Valjarevic

Décidément je fais dans l’ex Yougoslavie en ce moment. Après la Femme du Tigre, c’est le second roman écrit par un Serbe que je lis cette année. Je l’avais choisi en consultant le programme des AIR. Je vous le recommande ce programme. Il m’a permit de découvrir un grand nombre d’auteurs et de livres.

Enfin revenons à "Côme" j’ai beaucoup aimé cette écriture tout en souplesse. C’est un livre où il ne se passe pas grand-chose mais il vous emméne… Ecrit comme cela, je ne risque pas de donner envie mais comment vous expliquer?

L’histoire est assez simple. Le narrateur est invité par la fondation Rockefeller à passer un mois dans une villa afin d'écrire un roman. Cette villa, située près de Côme, reçoit des gens célèbres et d’autres moins. Ce narrateur nous décrit son séjour en évoquant ses rencontres avec les autres invités de la villa et avec les habitants du village de Côme. Deux mondes qui s’ignorent puisque l’accès de la villa est très fermé. Il parle de ses balades, de ses repas, de ces petits riens, qui sont si importants. Des petits rien que l’on sait peut être davantage apprécier lorsque l’on vient d’un pays en guerre. Alcoolique, il évoque par de brèves touches son passé et sa vie à Belgrade. On ne saura rien de précis mais cela semble oppressant. Cette parenthèse à Côme semble lui redonner gout à la vie et dans tous les cas le remet au contact de ses semblables.

L’ambiance, les rencontres, les descriptions, la langue, les personnages, tout cela vous entraine et vous tient jusqu’au bout de ce roman. On a envie d’en savoir plus sur le narrateur… que lui est il arrivé en Serbie? Que advient il de lui à son retour ? On se pose aussi des questions sur les autres personnages mais on ne saura rien. En tout cas lorsque j’ai refermé ce livre… j’avais bien envie d’y aller sur cette colline et de voir cet aigle.


La 1ère phrase : "C'était mardi, début novembre, la journée était chaude et ensoleillée, et je ne savais pas exactement où j'étais, je ne savais alors rien sur rien."