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05/03/2013

This is how you lose Her de Junot Diaz

9 nouvelles dont voici la première phrase de la première nouvelle appellée : The sun, the moon, the stars.

"I am not a bad guy."

9 nouvelles autour de la vie de Yunior, de son arrivée aux US à la cinquantaine...

Un univers dont je ne connais rien. Un Dominicain immigré aux US, il nous raconte sa vie en quelques nouvelles. L'expèrience est dérangeante, troublante et interessante. N'étant pas une Anglophone parfaite, ni hispanophone, je n'ai pas tout compris mais il me semble que c'est un style très particulier.

Je dois avouer que j'ai trouvé toutes ses infidélités lassantes mais c'est un univers où les hommes et les femmes sont sur deux planétes différentes. Un univers où pour les hommes, les femmes sont où des mères ou des objets sexuels... Où le sexe joue un rôle très particuliers. Il y est peu fait cas de la religion, cela sembe être une affaire de femmes... Mais tout comme dans ce livre, in fine, les hommes souffrent de leur incapacité à créer des liens forts avec leur partenaire de vie.

Cet homme qui m'a exaspéré, m'a également touché car il est en partie victime de son enfance, de sa culture, de son milieu... Mais ce n'est pas que cela qui m'a touché, c'est également le fait que je suis sans doute par certains cotés peu tolérante au machisme. En tout cas, cet homme mettra une éternité à comprendre, à accepter ce qui lui arrive et peut être ainsi à avoir une chance de devenir maitre de sa vie.

C'est un livre que je n'oublierai pas si tôt et finalement ce sont les meilleurs.

25/02/2013

How children succeed: grit, curiosity and the hidden power of character de Paul Tough

“In the summer of 2009, a couple of weeks after my son, Ellington, was born, I spent the day in a prekindergarten classroom in a small town in New Jersey.”
Un livre extrêmement enthousiasmant pour tout ceux qui s’intéresse à l’impact de l’éducation / enseignement.

Attention ce n’est pas un livre pour vous aider à éduquer vos enfants. Encore que… mais un livre / enquête qui essaie de comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas dans le système scolaire américain, comment l’éducation / les relations parents / enfants et le caractère individuel jouent et interagissent un rôle dans les chances de succès scolaires mais aussi de la vie de chaque individu.

J’ai aimé ce livre car il n’est ni politiquement correct, ni conservateur / traditionnaliste. L’auteur a visiblement potassé son sujet et n’est pas dogmatique. Il essaye de comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas dans un système US qui est de plus en plus cher mais avec de plus en plus d’échec.

Cette note n’a pas pour ambition de vous redonner tout ce que contient ce livre, mais d’essayer de vous donner les points clés.

D’abord il est évidement que les moyens/resources sont importants mais ils ne font pas tout. Tout un chapitre parle des enfants qui ont bénéficié de tout et qui vont avoir du mal à réussir du fait de l’absence de difficultés/ challenges rencontrés dans leur vie.

En fait il ressort que les enfants en bas age vont être influencé par le type de relation qu’ils vont créer avec leur entourage. Si l’entourage (pas forcement la mère) créé un lien / attachement fort / rassurant alors l’enfant va pouvoir gérer son stress. Si par contre il n’y a pas ou pas assez d’attachement fort et du stress alors le petit enfant va subir un stress cérébral important qui va l’handicaper dans ses apprentissages.

Par la suite plusieurs choses vont influencer les capacités d’apprentissage des enfants, le niveau de vocabulaire mais sans parler de niveau le nombre de mots qu’ils ont entendu dans la prime enfance est différent suivant les enfants.

Ceci est connu depuis un certain temps (cognitif), ce qui est nouveau dans cet ouvrage est l’hypothèse que ce qui compte ce sont un certain nombre de qualités / traits de caractères (non cognitif).

Tout au long du livre, il va être question d’endurance, de self contrôle, de curiosité, de courage et confiance en soi mais aussi de planification, de motivation, de volonté et de persistance dans l’effort. Et comment faire pour apprendre / développer / encourager ces capacités / connaissances / aptitudes.

Ce journaliste nous emmène en voyage dans le monde de l’éducation avec des enseignants et des chercheurs passionnés qui testent de nouvelles méthodes pour encourager / développer ces traits de caractères. Il va également nous montrer le rôle des éducateurs pour des enfants qui viennent de familles déstructurées. Il y a tout une partie sur une prof qui entraine ses élèves aux échecs qui est très éclairante.

J’espère que ce livre sera traduit, je l’offrirai volontiers à mon Kjaereste. Cela l’intéresserait car ce sont des choses qu’il observe / connait intuitivement de par son métier.

31/01/2013

Bel ami de Maupassant

Edition électronique dont le document source est disponible sous http://maupassant.free.fr

Première phrase : «Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant.»

Un livre vraiment passionnant, je l’ai pris et je ne l’ai pas lâché. Je n’aurais pas pensé que cela puisse m’arriver avec un classique de cette époque. Décidement il me faut abandonner mes aprioris. L’écriture est fluide. Le style est à la fois sobre et imagé. On s’y croirait. L’histoire est simple mais loin d’être simpliste. On y retrouve l’argent, la religion, la politique, le rôle de la femme. Bel Ami est un arriviste qui rêve de grandes choses mais qui ne sait pas comment s’y prendre. Il a un avantage : il présente bien et il plait aux femmes. Au début c’est un de ses amis / connaissances qui va lui mettre le pied à l’étrier en l’introduisant au journalisme. Loin d’éprouver de la reconnaissance, Bel Ami va épouser sa veuve et prendre son job. A noter que cette jeune femme, très calculatrice elle-même, va l’épouser car à cette époque, sans mari, elle n’est rien. C'est une mineure. C’est elle qui est le cerveau, la main de Bel Ami (elle lui rédige ses articles, lui donne des conseils pour arriver….).

Mais l’élève va dépasser son maitre (où sa maitresse) et il va devenir un vrai intriguant. Toujours en se servant des femmes, il va épouser une jeune dame de bonne famille richissime qui va lui donner accès à un avenir politique potentiellement brillant. Tout cela en n’hésitant pas à divorcer de cette femme, la déposséder d’un héritage, tabasser sa maitresse, amener à la dépression sa belle mère et en enlevant sa future femme.

Plus que l’histoire, ce qui est fascinant est le miroir d’une époque où l’hypocrisie joue un rôle prépondérant. Les femmes n’ont aucun droit et sont des mineurs à la disposition / sous la coupe de leurs maris / pères etc. Sans éducation, ces femmes sont les jouets de manigances mais peuvent bien entendu être aussi manipulatrices.

Il y a également tout un aspect politique où l’on voit les connivences entre médias, politiques et le milieu des affaires. Les évolutions de ces dernières semaines me laissent à penser que tout cela est encore vraiment d’actualité. C’est assez frappant. Est-ce que rien ne change ? Est-ce que tout se répète ? Où est l’évolution ? A désespérer de notre humanité.

Certes les femmes ont évolué en France mais les pressions des différents intégrismes me font penser que cela est fragile. Quant aux médias, politiques et affaires tout reste à faire…

22/01/2013

L’Iliade et l’Odyssée d’Homère

Cela faisait longtemps que je voulais lire cette œuvre mais je craignais la lourdeur de la langue antique. Et bien je ne sais si j’ai eu de la chance ou si la version numérique est expurgée mais j’ai eu une très bonne surprise. Ces deux épopées se lisent aisément.

J’ai pu ainsi faire le lien entre le jugement de Pâris, Helene, Troie et Achille. Par contre dans cette version de l’Iliade, le rôle d’Ulysse est limité dans cette partie puisqu’il est un intermédiaire entre Agamemnon et Achille. En outre, l’Iliade se finit sur le cheval de Troie mais c’est une chute rapide et vraiment le nœud de l’histoire n’est pas ce cheval ni même le jugement de Pâris mais la guerre des dieux et les oppositions entre Achille et Agamemnon.

Concernant l’Odyssée on y retrouve Ulysse qui est loin d’avoir fait un beau voyage par contre le long voyage y est. Je n’ai pas retrouvé l’épisode des écuries d’Augias. On retrouve Ithaque et Pénélope et j’ai découvert la fin que je ne connaissais pas bien où Ulysse va combattre les prétendants.

C’est écrit simplement et efficacement. Je me ferai un plaisir de relire ce livre et cela m’a donné envie de lire d’autres légendes grecques, voire d’autres versions. D’après la préface, le document est basé sur le livre adapté par Jane Werner Watson Editions des deux coqs. Document réalisé par Jean Philippe Marin, qu’il en soit remercié.
Voici son site www.iliadeodyssee.com et son adresse jpmarin@videotron.ca

Première phrase de l’Iliade : « Un jour, il y a près de trois mille ans, un navire peint de brillantes couleurs, entrait dans un port du pays qui s’appelle encore la Grèce. »
Première phrase de l’Odyssée : « Voici l’histoire d’Ulysse, fils de Laerte, de qui le monde entier connait la renommée. »

20/01/2013

Antigone de Henri Bauchau : livre lu en 2012

Un livre lu dans le cadre de mes rencontres du cercle littéraire. J’avoue avoir oublié d’en rédiger la note. Mon oubli va être réparé. J’avoue que lorsque l’on nous a indiqué ce livre, mon enthousiasme était limité… Et bien j’avais tort. C’est un bon livre. Bien qu’il se passe dans l’Antiquité, il y a une forme de modernité dans l’écriture qui lui donne un coté intemporel. Enfin je ne suis pas sure que mon explication soit très claire. C’est un Antigone un peu mère Theresa que l’on découvre. Pour resituer l’histoire à ceux qui (comme moi) ne sont pas familiers avec l’histoire. Antigone est la fille d’Oedipe et de Jocaste

Ce couple est maudit.

On a annonce à Jocaste que son premier fils qui naitra : tuera son père et épousera sa mère. Voulant éviter ce destin ; les parents abandonnent leur fils aux bêtes féroces. Ce bébé sera recueilli par un pécheur, il va survivre et accomplir son destin. A la suite d’une querelle il tue son père et épouse sa mère. Quand Jocaste apprend qui est son second mari et que son déshonneur va être mis sur la place publique, elle se suicide. A l’annonce de ce geste, le fils / mari se crève les yeux et part en exil. Il est accompagné par Antigone qui va mendier pour lui.

Le couple avait quatre enfants. 2 filles et 2 jumeaux. Or cette mère n’attendait qu’un enfant, et ces jumeaux vont passer leur vie à se battre. L’ainé est solaire et fantasque, le cadet est moins rayonnant, plus besogneux mais plus fiable. Les deux se battent pour la conquête de leur ville. C’est un duel à mort. Dans ce livre ; Antigone rentre d’exil pour tenter de faire la paix entre les deux frères. Mission impossible qu’elle va tenter quand même. Elle retrouve sa sœur, ses frères son oncle et se trouve un fiancé (fils de l’oncle). Elle ne pourra empêcher ni la guerre, ni la destruction, ni sa mort. Mais elle est présentée à la fois comme une sorte de mère Teresa et de symbole de la résistance face à la dictature que va imposer son oncle après la mort de ses frères. Elle est synonyme de la volonté de ne pas se laisser détruire par la force. Elle suit sa voie dans ce qu’elle pense est nécessaire sans faire de compromis où elle laisserait son âme.

Certaines personnes, avec qui j’en ai parlé, l’on trouvé intolérante, stupide de ne pas plier. Je ne suis pas d’accord, j’entends que tout le monde ne peut pas être sur cette voie, mais il est bon d’avoir des gens qui disent NON. C’est une figure tragique, sans doute trop sanctifiée mais qui essaye de changer le cours du destin et qui si elle ne réussit pas, n’y laisse pas son identité. Basée sur une histoire Grecque antique, je pense que cela peut s’appliquer à d’autres situations récentes. L’écriture moderne facilite cette lecture et permet de revisiter ce personnage.

Un bon livre, je pense que je relirai cet auteur. Et en 2013, je vais tenter de lire Antigone de Sophocle pour me faire une idée de ce que cet auteur a pris comme liberté.

16/01/2013

Il était une fois en France de Nury et Vallée

Après le DVD, une nouvelle découverte : une BD cette fois. Et en six tomes s'il vous plaît.

Je l'avais choisi pour ma moitié car il aime l'histoire mais pas les romans, que le graphisme est important pour lui et que les critiques sur le web étaient dythirambiques. Alors je lui offert les deux premiers tomes. On a eu tous les deux un vrai coup de coeur: on a enchainé les autres. On les a prêtés et tous ont été enchantés par cette histoire.

Certains ont été captivés par les dessins et cette ambiance très rétro qui rend bien le côté glauque de la guerre. D'autres ont été pris par l'histoire, basée sur des faits réels. Je ne vous révèlerai pas toute l'histoire, il y a des flash back, très scénarisée, les coups de théâtre s'enchaînent.

Le personnage central est un juif roumain qui a échappé à un pogrome, arrivé à Paris il va faire fortune dans la ferraille. Avant et pendant la guerre il fait des affaires avec les Allemands avec pour motto de sauver sa famille et sa peau. Il a pour pendant une certaine Lucie fer... Et des amis peu recommandables. La guerre le verra devenir à la fois collaborateur et résistant. Il va sauver la peau de centaines de personnes grâce à un faussaire et à ses relations. La guerre finie il se retrouve pris dans des règlements de compte avec des hauts et des bas qui vont durer car il est poursuivi par un juge qui a décidé d'avoir sa peau... Ce Joanivici est étonnant par son sens des affaires et son sens des relations humaines car bien qu'illettré, il arrive à se mettre tout le monde de la poche. Son sens social est des plus limité. C'est un personnage complexe qui est effrayant et attachant. On passe par tous les sentiments.

Cette série est très intéressante car elle montre les liens entre les différents milieux, les rapports entre les hommes à une époque où la survie tenait à peu et où les choses étaient rarement noires et blanches. Elle montre aussi les dangers de la puissance qui font certaines personnes pour servir leurs intérêts prendront des initiatives qui peuvent être dévastatrices.

Les différents personnages sont attachants et les méchants ne sont pas toujours si simple à définir. Ce n'est pas une BD pour les enfants mais cela convient je pense à des adolescents.


J'ai retenu cette phrase de Nietzsche 'Quiconque lutte contre des monstres devrait prendre garde, dans le combat, à ne pas devenir monstre lui-même.'

Pour vous donner un avant goût, les premières pages dans ce lien.


13/01/2013

Un DVD à découvrir : Le carnaval des animaux pour les enfants (et pour les adutes)

Imaginez un orchestre philharmonique dirigé par l'un des plus grands chefs d'orchestre de son temps...

Imaginez des images de synthèse

Imaginez le carnaval des animaux

Imaginez Smain qui lit ce conte à son fils

Mélangez et vous obtenez un DVD étonnant, ma fille (3 ans) l'a regardé 3 fois aujourd'hui.

Il est accompagné d'un DVD des quatre saisons de Vivaldi que nous n'avons pas regardé mais je m'attends à une bonne surprise.

Pour avoir un aperçu voici le premier chapitre

Il est vendu dans toutes les bonnes librairies, je l'ai trouvé chez Gibert à 16,95€

30/12/2012

L'ouragan de Laurent Gaudé

Un livre coup de poing.

Je vous défie d'avoir envie de refermer ce livre avant de savoir ce qui arrive à tous ces personnages.

La Louisiane un jour avant, pendant et après l'ouragan Katarina. Des personnages attachants, je me souviendrai longtemps de cette vieille négresse dont on ne connait pas le nom. Elle est la voix du passé mais également celle d'aujourd'hui. La voix des Noirs dans une Amérique où la ségrégation est illégale mais où le racisme et la séparation est une réalité. Quelle voix, quelle force pour exprimer cette indifférence de l'establishment vis à vis des pauvres, des Noirs, des laissés pour compte. 

Il y a cet homme et cette femme qui se sont aimés, qui se sont séparés et qui vont se retrouver dans ce fracas de la nature. Cet homme abimé par son rêve de voyage, de richesse qui est devenu un esclave moderne de l'industrie du pétrole qui y a laissé sa santé mentale. Un Noir, esclave du système. Cette femme abandonnée par son amour qui a échoué dans un couple infernal car la torture peut être aussi celle des siens. Cet enfant qui va découvrir un père lors de ce cataclysme. 

Il y a le prêtre qui cherche la rédemption et qui va devenir meurtrier. Alors qu'il se sentait au dessus des prisonniers locaux.

Il y a ces prisonniers qui vont se sauver seuls de cet enfer. Mais pour combien de temps et pourquoi...

Ce qui m'a le plus impressionné dans ce roman est le fait que tout est suggéré. Il y a peu de description de cet ouragan, la tempête est présente et pesante, une sorte de personnage à elle seule mais elle est peu décrite. Elle est là par la force du style, la puissance de l'écriture. 

Un grand roman! 

28/12/2012

L'amour est une ile de Claudie Gallay

J'avais adoré les déferlantes. Ce tête à tête oppressant dans le cotentin m'avait emporté. Je sentais le vent, la mer. J'avais moins accroché avec le roman se situant à Venise. 

Cette fois nous sommes en Avignon, la météo est différente. C'est la saison du festival mais tout est s'en dessus dessous car c'est les grèves des intermittents du spectacle. Cette fois il ne s'agit pas d'un véritable huis clos (encore que!) mais toujours des chagrins d'amour. 

Les personnages sont des abimés de la vie. On va croiser une soeur à la recherche de son frère qui s'est suicidé. Une vieille femme qui vit dans les splendeurs du passé. Un directeur de théâtre qui a vécu une passion et qui y a laissé beaucoup de plumes mais y a sans doute trouvé la sienne. Une star qui a abandonné son amour passion pour se consacrer à sa passion du théâtre. Elle a trouvé le succès, la gloire mais pas forcement le bonheur. 

Et dans cette histoire de théâtre, il y a plusieurs coups de théâtre, je vous l'accorde, c'est un peu facile. J'avoue avoir anticipé le plagiat car c'est une évidence rapidement par contre la chute m'a surprise. Cette tentative de rédemption est étonnante et même si elle arrive trop tard, elle existe.

Il y a un style Claudie Gallay, l'écriture est ciselée, les mots résonnent et font mouche. 

J'ai beaucoup aimé ce roman, l'histoire, l'écriture vous emportent. En finissant ce livre, j'avais l'impression d'avoir passé un moment en été. J'étais à Avignon. 

27/10/2012

Grenouilles de Mo Yan

Voila un livre intrigant. Déjà le titre laisse perplexe mais il s'explique au fil du roman puisqu'il repose sur le son "wa" qui signifie bébé ou grenouille mais avec un idéogramme different. Il faut savoir que les deux jouent un rôle majeur dans ce livre. Et je ne parlerai pas des grenouilles pour éviter de vous dévoiler la fin.

C'est un livre où les personnages se succèdent à un rythme effréné et il est parfois difficile de s'y retrouver surtout lorsque l'on n'est pas familier avec les noms chinois. 

Plusieurs histoires se croisent dans ce roman. Un homme Chinois Têtard  (son nom de plume) écrit à un vieillard Japonais. Têtard voue une grande vénération à cet homme lettré mais on ne saura pas vraiment pourquoi. Même si on peut supputer in fine une relation familale vu les détails de la fin. C'est surtout un prétexte pour que Têtard raconte la vie de sa Tante qui n'est pas une tante mais une grande cousine et également la vie de Têtard. Or la vie de ces deux personnes couvre la période de la fin de Mao (1953), la révolution culturelle, la période de la naissance unique puis enfin notre époque. La tante qui était sage femme, gynécologue va devenir une farouche avorteuse qui ne laissera aucun répit aux femmes qui enfreignent la loi du planning familial. Tout le long du roman on perçoit les rouages de la vie chinoise de ces différentes époques. Où le héros du jour pouvait être l'ennemi de demain. Où les trahisons étaient légions. Où la femme, malgré l'égalité communiste, vaut moins qu'un homme. Surtout lorsque l'on parle natalité et culte des ancêtres. Et même aujourd'hui où un capitalisme effréné cohabite avec un PC politique. 

Bien que ce roman soit tragique par les faits et les atrocités qu'il dénonce. Mo Yan réussit l'exploit de faire sourire le lecteur. Il nous rend compte de toutes ces horreurs et tous ces abus de telle façon qu'il nous donne l'impression d'être dans l'histoire. 

La fin du livre écrite sous forme de pièce de théâtre nous permet à la fois d'avoir le fin mot de l'histoire et l'impact contemporain mais également d'avoir un aperçu / une comparaison entre deux styles très différents et je dois avouer que cette pièce m'a ennuyée par son caractère emphatique. Mais je pense que c'était un choix de l'auteur. 

Ce livre permet de mieux connaitre cette Chine qui est fantasmagorique pour les occidentaux. C'est un livre qui parle de la place et du rôle de la femme, de la famille. 

C'est franchement passionnant. Cela fera parti de mes découvertes 2012. Et je pense comprendre pourquoi il a eu ce Nobel de Littérature. 

La première phrase est la suivante : "cher Monsieur Sugitami Yoshihito, Voila bientôt un mois que nous nous sommes quittés, pourtant je revois très nettement tous ces moments que nous avons passés ensemble dans mon pays natal."