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15/05/2012

Aujourd'hui: Enfant ou le destin miraculeux d'Edgar Mint de Brady Udal

Je pourrais vous parler de la 10eme merveille du monde : ma fille mais je risque de vous ennuyer donc je prefère vous faire le compte rendu du dernier livre que j'ai lu.

Le destin miraculeux d'Edgar Mint. Un livre drôle et poignant à la fois. J'ai adoré ce petit bout de bonhomme. Il y a des moments hilarants, d'autres révoltants. Une belle découverte.

Un métis Apache se fait écraser mais survit de façon inattendue. Sorti d'un comas profond, il va faire sa rééducation dans un hôpital miteux où il va rencontrer un des piliers de sa vie. Art: alcoolique au grand coeur. Parti dans un orphelinat, il va découvrir l'enfer avant de connaitre une rédemption chez les mormons. Mais si l'enfer peut contenir des bons moments (Cecil), le paradis n'est pas toujours pavé que de bonnes intentions. Persuadé d'être responsable du destin tragique des gens qu'il est amené à aimer, Edgar va fuir et s'occuper de son ange gardien / démon. Puis il accomplira ce pour quoi Dieu l'a amené sur terre.... La fin est inattendue alors je ne vous en dis pas plus.

Drôle et tragique, les larmes me sont venues à plusieurs reprises mais le rire est aussi très présent. C'est un livre dans la droite lignée des John Irving.

Décidément le destin des enfants tient à peu de chose. Mais dans tous les cas, les rencontres peuvent permettre une résilience quand une naissance là où il ne fallait pas ou avec des parents qui n'assument pas du tout laissaient présager du pire.

Tous les enfants ne laissent pas égaux, même / surtout en Amérique.

03/05/2012

Tom Robbins : Féroces infirmes retour des pays chauds

Voila un bon livre, quelle découverte.

Complètement déjanté, si vous cherchez du sens, peut être n'est ce pas celui qui vous convient. Mais par contre si vous voulez en savoir plus sur les US, la CIA, la guerre des religions et éventuellement comment dire vagin dans plus de 70 langues, alors n'hésitez pas ce livre est fait pour vous... Avec vagin dans ma note, je vais faire exploser mes visites ;-)

C'est un livre qualifié de hippie, je ne suis pas sure de bien comprendre pourquoi peut être parce qu'il y est question de psychotrope ou de désir masculin pour des jeunes, très jeunes femmes, d'un Road Movie...

Switters est un agent de la CIA qui profitant d'une mission en Amérique du Sud doit raccompagner et rendre la liberté du perroquet de sa grand mère, Maestra. Lors de ce voyage, il fera connaissance de Aujourd'hui, c'est demain. Une sorte de prophète qui place le rire et l'humour comme signe de la supériorité des civilisations modernes. Cela sera le début d'un périple qui va l'emmener en Syrie où il rencontrera une nonne qui deviendra son amante. Il est question de sa demi soeur, des prophéties à Fatima.

C'est drôle, relevé. Il y est question aussi de choses moins amusantes comme l'influence des US et le rôle et pouvoir de la CIA.

Bref j'ai adoré ces quelques six cent pages. Cela fait parti des découvertes 2012.

24/04/2012

Sofi Oksanen : "les vaches de Staline"

Cela faisait longtemps que je voulais lire ce roman dont j'avais entendu / lu beaucoup de bien. Petite soeur me l'avait offert pour mon anniversaire. Depuis il était resté dans les étagères, il en est sorti pour rejoindre les bagages lors de nos dernières vacances. Bien m'en a pris.


Une succession d'aller - retour dans le temps. Une femme et sa fille. Estonienne, elle va se marier avec un Finlandais dans les années 70. Il y a encore le mur de Berlin, l'Estonie est une annexe du bloc soviétique. Les cicatrices de la guerre et de l'annexion existent encore et sont même encore ouvertes pour certaines. La mère cache ses origines. Elle ne pourra pas retravailler alors qu'elle était ingénieur. Elle devient paranoïaque peut être avec quelques raisons. Elle ne se fait pas à son nouveau pays. Elle va passer sa vie à faire des aller retours compliqués entre Tallinn et la Finlande. Sa fille doit cacher ses origines, lié aux problèmes du couple, cela va donner une jeunesse très erratique. La jeune femme va développer un comportement alimentaire très particulier (c'est un euphémisme en fait elle souffre de boulimarexie). Et l'autre partie du roman est consacrée à cette jeune femme qui ne sait pas qui elle est, qui a une nostalgie d'un autre pays, autre monde qui lui faut cacher.

C'est difficile à résumer, c'est dans tous les cas un roman prenant qui nous fait amène dans une période de l'histoire Européenne que nous avons oublié, occulté ou ignoré pendant longtemps. C'est un style cru qui ne plaira pas à tous le monde mais il fait ressortir l'enfermement de ces deux femmes.

"Ma première fois, c'était différent."

16/02/2012

La liseuse de Paul Fournel

J'ai bien de la chance. On m'offre régulèrement des livres. Pas moins de deux cette semaine... quand je vous dis que je suis une veinarde. Mardi c'était mon amie grande lectrice qui m'a fait un clin d'oeil "Sempé et Modiano"... j'y reviendrai bientôt et hier mon kjaereste qui m'offre "La liseuse".

J'ai commencé hier soir et j'ai fini dans l'après midi. Il ne fait que 180 000 signes et blancs soit 217 pages. Je connais le nombre de signe car l'auteur précise que ce roman épouse la forme d'une sextine.

Comment vous ne savez pas ce que c'est? Et bien moi non plus jusqu'à aujourd'hui. Je vous laisse chercher dans votre encyclopédie préférée. Résumé rapidement il s'agit d'une forme poétique qui impose la contrainte d'utiliser les mêmes mots en rime avec une rotation imposée. Une véritable prouesse car cela n'alourdit pas le style. Cela me rappelle Italo Calvino qui je crois s'imposait ce genre d'exercices dans certains de ses livres. Pour moi, c'est d'autant plus important que je n'ai pas ressenti de lourdeur dans l'écriture. C'est un livre plaisant à lire pour diverses raisons.

L'histoire est intéressante et nous fait rentrer dans un monde qui me fait fantasmer : celui de l'édition. On découvre un vieil éditeur: Robert Dubois. Eprouvé par son travail, il a perdu le goût de la lecture, de la litérature. Il a vendu sa maison à plus grand et fait parti des meubles mais il ne maitrise plus grand chose. Ses auteurs le quittent pour d'autres, ses employés s'inquiétent pour lui, il n'a plus d'envie... Jusqu'à ce qu'il croise une jeune stagiaire qui lui apporte une tablette. Et ces deux rencontres (la stagiaire et la tablette) vont bousculer, bouleverser sa vie. Il va retrouver des envies, faire des projets, jouer au potache... Ne voulant pas déflorer le sujet pour ceux qui passerait par là, je n'en dis pas plus.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de P Fournel. Il y a beaucoup de reférences littéraires, et je ne les ai pas toutes vues. Son style est percutant, il réussit des descriptions assez drôles et brillantes de choses qui n'ont pas beaucoup de place habituellement dans la littérature comme l'artichaud ou la sole... Il réussit à nous faire découvrir le métier d'éditeur en ne cachant pas les déconvenues. Il y a également des descriptions sur les futurs possibles de la littérature et du livre numérique qui sont intéressantes. A voir ce qu'il en sera dans 20 ans.

Il fut un temps où l'édition numérique m'a tentée en tant que reconversion. Et bien ce livre m'a donné plus d'envie que beaucoup d'études ou conférences auxquelles j'ai pu assister. Par contre il m'a également fait réaliser que j'aime les livres mais cela doit rester de l'ordre du loisir et ne pas devenir un travail. J'avais eu ce ressenti quand j'avais enchainé ces livres à lire dans le cadre de prix littéraires. J'aimais découvrir des auteurs que je ne connaissais pas mais j'aimais moins devoir lire certains jusqu'au bout.

C'est drôle, ce n'est pas larmoyant (même pas la fin). Bref j'y ai pris beaucoup de plaisir.

Quelques phrases prises au hasard "La nuit est épaisse, grasse. A trois heures et demie, elle est à son plus noir, à son plus silencieux. ... J'en veux à ce métier de m'avoir tant et tant empêché de lire l'essentiel de lire des auteurs bâtis, des textes solidement fondés, au profit d'ébauches, de projets, de perspectives, de choses en devenir. Au profit de l'informe."

Et pour finir la première phrase comme d'habitude ici. "Longtemps j'ai croisé les pieds dessus pour un peu de détente, d'élévation, pour un peu plus de sang au cerveau, maintenant il m'arrive de plus en plus souvent d'y poser la tête, surtout le soir, surtout le vendredi soir."

08/02/2012

Le fusil de chasse  de Yashushi Inoué

Je viens de relire avec grand plaisir, ce récit découvert il y a quelques années. Cette nouvelle d’une cinquantaine de pages est magnifique. Elle s’articule autour de cinq personnages. Le narrateur rapporte une anecdote qui va lui permettre de prendre connaissance d’événements très intimes de la vie d’un homme qu’il n’a qu’entraperçu et qu’il ne connaitra jamais. Cet homme va lui faire parvenir trois lettres de femmes différentes qui vont relater les mêmes événements mais vus par leurs propres prismes.

La première lettre est écrite par une jeune fille qui va prendre connaissance de ces fameux événements à travers le journal de sa mère. Elle va les interpréter à sa façon. C’est une vision un peu naïve, liée à sa jeunesse et à la perte d’illusions. Il y est question de couleurs, de tristesse, de perte… J’ai noté cette très jolie image : « Ma langue est paralysée par le chagrin, par un chagrin qui ne concerne pas seulement Mère, ou vous, ou moi, mais qui embrasse toute chose : le ciel bleu au dessus de moi, le ciel d’octobre, l’écorce sombre des myrtes, les tiges de bambou balancées par le vent, même l’eau, les pierres et la terre. Tout ce qui dans la nature frappe mon regard se colore de tristesse quand j’essaie de parler. Depuis le jours où j’ai lu le journal de Mère, j’ai remarqué que la nature changeait de couleur plusieurs fois par jour, et qu’elle en change soudainement, comme à l’instant où le soleil disparait, caché par les nuages…. En plus des trente couleurs au moins que contient une boite de peinture, il en existe une, qui est propre à la tristesse et que l’œil humain peut fort bien percevoir. »

La seconde lettre est celle de la femme de cet homme. C’est une lettre où elle lui demande le divorce, où elle lui raconte qu’elle a découvert son infidélité très tôt et que c’est ce qui l’a amené au bord de la folie et à le tromper très régulièrement. Elle règle ses comptes dans tous les sens du terme. Il y a de la dureté, de la douceur, un mélange très particulier de naïveté et de trivialité.

La dernière lettre est celle de la femme aimée (la mère de la première femme) qui raconte sa version des faits. On l’y découvre une femme à la veille de sa mort qui va essayer de faire connaitre sa véritable personnalité à son amant de toujours. Il y est beaucoup questions du passé mais très peu de regrets contrairement à ce que pouvaient laisser croire les deux premières lettres. Et dans tous les cas pas les regrets auxquels auraient pu faire penser le journal.

On ne saura jamais ce qui s’est passé dans la tête de l’homme qui est le personnage de ces lettres… Si ce n’est à travers le poème du narrateur. Et j’avoue que je trouve cela très fort.

C’est très bien écrit. C’est une écriture fluide, simple et forte à la fois. Je dirai presque qu’il y a un certain suspens. Le livre que j’ai contient 4 autres nouvelles / romans et j’ai hâte de les lire mais je vais prendre le temps de les déguster.

Comme d’habitude la première phrase : « Un jour, il m’arriva de donner au Compagnon du chasseur (cette modeste revue publiée par la Société des chasseurs du Japon) un poème intitulé Le fusil de chasse. »