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01/01/2014

Le quatrième mur de Sorj Chalandon

J'ai longtemps hésité pour savoir sur quelle note, j'allais commencer 2014.

Après tout l'usage veut que le début de l'année soit l'occasion des bilans, des bonnes résolutions et de commencer par des choses légères et ce livre est le contraire de tout cela. Alors ce n'est pas que je veuille plomber l'atmosphère mais comme c'est certainement le livre qui m'a le plus étonné, bouleversé ces derniers mois, je me suis dis que je pouvais commencer l'année avec.

Je ne peux même pas dire que j'ai aimé ce livre. Ce n'est pas le cas. Il m'a interpellé, il m'a choqué, il m'a fait réfléchir mais je ne l'ai pas aimé. Mais est ce nécessaire? Je ne crois pas.

Il m'a fait peur. Je me demande ce que nous reserve l'avenir avec des communautés qui s'affrontent de plus en plus en France où les avis sont si tranchés sur des gestes et des gens alors que le monde va mal. Cela me renvoie au livre de Kersaudy et Churchill. Nous avons des politiques dans tous les camps qui sont en dessous de tout. Ils pratiquent le populisme à tout va. De la com... Que de la com... Les gens s'echauffent veulent des coupables... Les juifs, les musulmans, les roms, les gays tout y passe. Les religions rajoutent une couche. Les memes qui demandent de la tolerance pour leurs pratiques, refusent / diablolisent celles des autres. Enfin revenons à ce roman.

Il est question de théâtre, d'une utopie et d'un idéaliste qui s'est sali les mains mais pas trop quand même. Cela se passe en France puis au Liban. On assiste à des massacres, on assiste à la descente dans la folie de cet homme. C'est effrayant. En fermant la dernière page, je me suis demandé, ce qu'allait faire cet idéaliste dans cette guerre. Ce n'est pas la sienne. Il va perdre sa famille, sa raison, ses amis... Tout ça pour quoi? Je sais qu'il faut de l'idéal pour changer le monde mais ce n'est pas ce qui se passe dans ce roman. L'idéal est broyé. Les méchants et les gentils sont mélangés et on peut être les deux à la fois. Est ce que son ami voulait cela pour lui? Ou croyait il qu'il pourrait vraiment changer le cours de la vie?

C'est une écriture qui prend aux tripes. C'est un livre qui m'a effrayé, dégouté. Si ce n'est qu'il a confirmé mon sentiment que le religions font plus de mal que de bien à large échelle.

Je ne sais que dire de plus. Lisez le. C'est vraiment quelque chose. Je serais curieuse de connaître votre avis.



30/12/2013

Le Petit Joueur d'échecs de Yoko Ogawa

Ce n'est pas mon premier roman de Ogawa, ni le dernier. Ce n'est pas mon préfèré mais comme d'habitude j'ai été emporté par son style, son écriture et ses personnages qui sont vraiment attachants.

Cette fois il est question d'un jeune garçon orphelin très tôt. Il est élevé par ses grands parents maternels. La famille est pauvre et le garçon a une malformation au niveau de la bouche si bien qu'il ne parle que peu. Il a un univers imaginaire doté d'une éléphante et d'une voisine disparue. Jusqu'au jour où il se trouvera face à un maître des échecs qui va l'initier. Cela sera une rencontre déterminante tant par le personnage que par la façon dont le jeune garçon va pratiquer cet art. Cela va devenir une obsession, une vie entière...

Je vous laisse découvrir la suite. Ce livre est étonnant, c'est un hymne à ce jeu mais aussi à l'amour, l'amitié. C'est intimiste, doux.

C'est une très belle écriture. Cela fait partie de mes coups de cœur 2013.



24/12/2013

Winston Churchill de François Kersaudy

C’est du lourd dans tous les sens du terme.

Le livre fait plus de 600 pages.

C’est une écriture très plaisante.

On se plonge dedans et on ne le quitte plus.

Un sacré personnage ce Churchill avec des traits de caractères plaisants et d’autres moins. Une vie qui traverse le siècle et qui a vu tellement de choses. Un héro de la seconde guerre mondiale mais qui ne saura pas gouverné pendant les années moins turbulentes… Une vision peu réaliste de l’avenir de l’empire Britannique mais quel esprit !

En relisant ce livre on est peu enthousiasmé par notre époque qui a des relents de populismes qui ont mal fini il y a 70 ans.

Si vous aimez l’Histoire, si vous aimez les histoires allez y.

C’est un très beau cadeau de Noël.

17/12/2013

Epilogue de Anne Bert

Un livre lu dans le cadre du prix du livre numérique de www.youboox.fr

"Vous êtes bien Marguerite Nourdi"

C'est un livre coup de poing.

Je n'ai eu ni le temps, ni l'envie de lire tous les livres en lice pour ce prix mais sur les 5 ou 6 lus, ce fut mon préféré. Il n'a pas eu le premier prix mais ce n'est pas étonnant. Le sujet n'est pas forcément très porteur. On parle de vieillesse, de fin de vie, de l'hypocrisie ambiante vis à vis des personnes âgées et de la dépendance sans oublier la question du financement de leurs fins de vie.

C'est bien écrit.

03/11/2013

Une part de ciel de Claudie Gallay

« On était trois semaines avant Noël. »


Autant vous le dire tout de suite, je suis une fan de Claudie Gallay. J’aime son écriture, ses histoires et surtout sa façon de créer des atmosphères qui vous emmène très loin. Je l’avais découvert avec « Les Déferlantes ». J’avais continué avec « Seule Venise » et « L’amour est une ile ». Pour ce dernier, j’ai trouvé que Joël Dicker dans « la vérité sur l’affaire Harry Quebert » avait l’air d’avoir aimé la fin au point de s’en inspirer.

Après le Cotentin, Venise, Avignon, ce livre nous emmène en montagne. Et si l’atmosphère est fermée ce n’est pas par la tempête de neige, une ville musée ou une grève d’un festival mais c’est la neige qui va jouer ce rôle.

Attention je parle de la fin ….

Un village qui est passé à coté de l’or blanc. Ce n’est pas une station à la mode. A la frontière de l’Italie, les villageois croisent surtout les routiers. Mais une avalanche va tout changer. Le village va-t-il s’éveiller va-t-il devenir une autre station touristique ? Les pro et les contres s’opposent. Cela met le village en émoi. Les familles, les couples s’opposent. On règle des comptes à travers cette décision qui va changer le village et la vie radicalement

En parallèle, une fratrie se retrouve pour attendre un père fantasque qui convoque ses enfants avec des boules remplies de neige artificielle. Trois enfants très différents et qui ont du mal à se parler. Une enfance brisée par un incendie. On suit l’histoire à travers Carole qui se pose beaucoup de questions. Elle revient dans ce village, elle reprend contact avec son frère et sa sœur. Tous ont des mariages en phase de délitement ou sont divorcés. Et attendant ce père ils vont se redecouvrir ainsi que d’autres habitants qui ont tous joué un rôle dans leur enfance.

Tout ce roman pourrait se résumer à l’attente : celle du père, du mari Ludo, des parents de Véra, d’un amour potentiel, d’un terrain pour le chenil, de la mort pour Sam, des clients pour Francky, de l’amour pour Diego, d’une maison en dure pour Gaby…

Mais ce qui m’a le plus transporté encore une fois c’est toute cette atmosphère qui vous enveloppe, qui vous emmène loin… Bref c’est un très bon roman. Je vous le conseille.

23/06/2013

Le grand Meaulnes de Alain Fournier

"Il arriva chez nous un dimanche de novembre de 189..."

Un classique lu il y a quelques mois avec ma liseuse.

Quoi dire qui n'ait déjà été dit ou écrit sur ce roman. C'est entre le roman initiatique / d'aventures puisqu'il s'agit d'un histoire d'adolescents qui rentrent dans l'age adulte, le conte avec des éléments qui semble plus ou moins fantastiques, le roman régional avec cette découverte de la Sologne / Berry. C'est champêtre.

Il y est question de l'influence que peuvent avoir certaines personnes (positives ou néfastes).

La mort de l'auteur un an après la parution du roman a certainement joué un rôle. Mais cela ne peut en aucun cas expliquer le succès international de ce roman.

C'est un livre qui vous emporte. L'écriture est simple, elle vous ramène à une époque révolue, à la fois dans le temps mais aussi pour tous dans un moment spécifique l'entrée à l'age adulte. Puisque pour tous l'adolescence est une époque toujours difficile, impliquant de grandes transformations. C'est nostalgique et poétique. C'est tout simplement beau.

Tout comme le petit prince, ou l'étranger c'est un roman qui se relit avec plaisir.

26/05/2013

Joseph Anton de Salman Rushdie

Un livre étonnant. Je vous avertis, il est long. Sans doute, trop long. Mais si vous voulez comprendre ce qui se passe aujourd’hui avec la montée de l’intolérance religieuse, ce livre peut être intéressant. C’est un style très particulier puisqu’il s’agit d’un mélange de mémoire et de réflexions philosophiques. Salman Rushdie nous raconte sa vie suite à la fatwa qui a été lancée contre lui en tant que auteur des « Versets sataniques ». Je n’ai pas lu ce roman donc je n’ai pas d’avis sur le roman. Par contre ayant lu d’autres livres de Rushdie où la religion joue un rôle important, il me semble que son écriture est un moyen de dénoncer des positions extrémistes.

Dans tous les cas, je ne peux comprendre les fatwas, ni toutes ces manifestations de haine, ces menaces de morts. Comment une religion peut amener de tels débordements ? Cela restera un mystère pour moi.
Pour revenir à Joseph Anton, le titre fait référence au patronyme choisi par Salman Rushdie pendant toutes ces années passées caché. Il s’agit de la combinaison des deux prenoms de ses auteurs favoris Conrad et Chekhov
Plusieurs points sont intéressants dans ce roman / mémoire en dehors de la narration des évènements. J’ai aimé l’analyse de Rushdie sur la montée de l’intolérance religieuse et comment il est venu à la rédaction des versets sataniques. La narration de son enfance et de sa relation avec son père, la religion (sa famille est musulmane depuis plusieurs générations) et le racisme britannique est éclairante dans le sens où il connait la religion musulmane. Il est devenu athée mais il n’a pas de haine ni contre la religion, ni contre les Anglais. Son éclairage des relations géopolitiques et des relations avec les services secrets internationaux, non spécialisé et bien entendu d’un point de vue très personnel, permet de mieux comprendre les petites lâchetés et compromis pris pour faire des affaires as usual !!

Il raconte la guerre menée contre les libraires, éditeurs, traducteurs (assassinat du traducteur Japonais), et sa famille. Il narre comment la gauche ne va pas le soutenir alors que les conservateurs vont le faire. Tous pour des mauvaises raisons mais dans tous les cas il doit subir des critiques car il aurait cherché cet opprobre. C’est l’histoire de la lumière qui laisse la place à l’obscurantisme car il ne faut pas faire de vagues !
Par contre, ses déboires amoureux et familiaux sont lassants. Bien qu’il batte sa coulpe régulièrement et se reconnaisse certains torts, il est des pages où son attitude est vraiment limite et ses plaintes le rendent peu sympathiques.

En dehors de ce bémol, c’est un livre puissant, éclairant, à lire !

Pour ceux qui pensent qu’il ne faut pas faire de vagues : suite à la publication de Joseph Anton, la récompense promise à celui qui tuera Salman Rushdie a augmenté de 500 000 USD et est maintenant de 3,3 millions de dollars.

La première phrase « Afterwards, when the world was exploding around him and the lethal blackbirds were massing on the climbing frame in the school playground, he felt annoyed with himself for forgetting the name of the BBC reporter, a woman, who has told him that his old life was over and a new, darker existence was about to begin.”

23/05/2013

The OrphanMaster’s Son de Adam Johnson



“Citizens, gather ‘round your loudspeakers, for we bring important updates!”


Un livre impressionnant, coup de poing.


Corée du Nord, Pyongyang, état et ville de tous les fantasmes puisqu’il s’agit d’un des derniers pays les plus fermés au monde. Un jeune garçon décrit sa vie dans un orphelinat, il se dit non orphelin et que le maitre de l’orphelinat est son père, d’où le titre du livre. Il décrit une vie de cauchemar, où ces orphelins sont de la main d’œuvre sans aucune valeur. Il décrit la famine qui s’abat sur eux. Famine qui est appelée « La marche ardue » par les politiques.

On le retrouve ensuite soldat dans des tunnels sans lumière, puis kidnappeur de Japonais(e)s et enfin pour être récompensé de ses bons et loyaux services espion sur une épave qui sillonne la mer. Dans ces deux dernières activités, il va nous décrire des rencontres tant Coréennes qu’avec les Japonais / les Américains. Il y est également question de malades que l’on achève en leur prélevant leur sang. La rencontre avec les Américains va être épique et la disparition du drapeau et des portraits du leader adoré va amener une série d’événements qui vont transformer la vie de Jun Do (remarque en Anglais un John Doe est un quidam comme serait en France un Martin Durand). Il va se retrouver au Texas où il notera que la différence entre son pays et les US tient au fait que les citoyens sont motivés par la peur (le bâton) dans son pays et aux US par les récompenses (la carotte). Suite à cette excursion aux US, on retrouve notre héro dans un goulag où il ne devrait pas survivre. Mais il va être pris sous la protection d’une ancienne et cela le sauvera.

Commence alors la deuxième partie, où je n’irai pas plus loin pour ne pas vous gâcher votre plaisir. Mais sachez que c’est une énième et ultime vie qui commence pour notre Jun Do. La seconde partie est moins intéressante que la première. Mais elle à l’avantage de présenter l’autre coté de la médaille. On passe du coté des puissants, de cette cour qui ne souffre pas de la faim mais qui peut disparaître pour des peccadilles.

C’est un livre qui vous prend et que vous ne lâcherez pas. Je ne sais à quel point ce que décrit cet auteur est proche de la réalité et à quel point c’est de la propagande mais dans tous les cas on s’y croit. Les scènes de torture sont nombreuses mais l’auteur ne s’y appesantit pas tant que cela. On perçoit l’absence de raison de tout cela. Y est décrit une vie qui est rythmée et décidée par le haut. Où le citoyen n’est rien, sa vie est entre les mains de hautes instances. Les hauts parleurs sont partout, les femmes sont distribuées au bon vouloir de quelques uns. On devient un héro ou un renégat sans trop savoir pourquoi. On peut être l’un puis l’autre.

Ce livre a eu le prix Pulizer de la fiction. C’est un livre à lire pour les âmes pas trop sensibles.

Par contre je serais réellement curieuse de savoir ce qui est dans le domaine du possible et de celui de la fiction pure (trépanation avec des clous, etc) et ce qu’en pense des Nord Corééns qui ont pu fuir. J’ai reconnu des éléments semblables (questions pour savoir si le haut parleur du voisin est branché) à ceux que l’on m’avait racontés pour l’ex Allemagne de l’Est.

18/03/2013

Imaqa, une aventure au Groenland de Flemming Jensen

"Ca grinçait, et c’était rassurant."

Un livre que j'ai reçu à Noël et que j'ai lu très vite. Cela fait des semaines que je dois vous en parler.

C'est un coup de cœur. L'écriture est à plusieurs niveaux et l'on peut rire, pleurer, compatir ou maudire suivant les moments.

On découvre le Groenland à travers les yeux de Martin. Instituteur qui a demandé sa mutation au Groenland, province Danoise. Dans les années 70, on est encore à une époque où il faut civiliser ces cultures. En parallèle un jeune garçon qui était parti vivre un an au Danemark rentre au pays.

Le choc est rude pour les deux. Les instructions sont de ne par parler la langue locale et de ne pas s'assimiler... Pour le jeune garçon le retour au pays n'est pas du tout ce qu'il espérait.

Le destin de ces deux personnages va se mêler, s'en mêler et suivre des trajectoires différentes. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise.

C'est une découverte d'une culture martyrisée, d'un peuple décimé par l'alcool mais qui essaie de faire face. Ce sont les abus et les méfaits de certains blancs.. Cet homme qui vit avec une femme ne connaissant pas son nom.... Cet autre qui vend ses manuels scolaires sous prétexte de développement (surtout le sien!)

Bref c'est un livre très touchant. J'ai ri et pleuré. Que demander de plus...

16/03/2013

L'anglais qui gravit une colline mais descendit une montagne de Christopher Monger

"Je suis né dans un petit lit, dans une petite chambre, dans une petite maison d'un petit village situé tout en bas à droite d'un très petit pays appelé Pays de Galles."

Quel plaisir ce petit livre.

J'ai ri à maintes reprises.

Il y a du Don Camillo et du Pepponne dans les personnages du pasteur et de l'aubergiste.

Tous les personnages sont attachants.

L'histoire est celle d'un petit village qui est à la frontière Anglaise. C'est la guerre. La majorité des hommes sont au front. Un jour débarquent deux Anglais qui viennnent mesurer la colline / montagne du village. Ce lieux géographique est la fierté du pays. Or à moins de 1000 pieds elle ne figurera pas sur la carte. S'en suit une épopée ubuesque où tout un village va se mobiliser pour garder ce statut de montagne.

Et puis comme c'est un livre tiré d'un film et bien il y a une histoire d'amour...

Il semble que l'anecdote ait été réelle ou du moins tirée de faits réels

En tout cas, c'est jubilatoire, raffraichissant (dans tous les sens du terme car il pleut beaucoup dans ce livre) et même si la guerre n'est jamais loin, c'est un livre qui fait parti de mes coups de cœur de l'année.