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18/12/2011

« L’an prochain à Tbilissi » de Sana Krasikov

 

Une série de nouvelles en direct de l’Ex Europe de l’Est. Six des huit nouvelles ont pour personnages principales des femmes Russes, Géorgienne, ou de toute autre ex république soviétique. C’est très bien écrit. Il y est question de nostalgie, d’exil, de pertes, d’avenir meilleur. C’est toute l’ambiance de cette région qui est retranscrite. C’est à la fois oppressant et typique.

 

Dans la première nouvelle : Ilona, Géorgienne divorcée doit faire face à un divorce et des difficultés financières. Il y est question de solitude, de profiter des uns et des autres mais qui profite de qui ?? Il y est aussi question de renoncement.

 

Dans la seconde nouvelle : Maia est également Géorgienne. Récemment immigrée reçoit la visite de son fils adolescent. Comment rester en contact avec ses proches lorsque l’on est déraciné.

 

« L’alternative » traite de choix non assumés, mais aussi d’options, de choses qui auraient pu être mais qui ne seront jamais. Toujours des choix matériels versus des choix de cœur. Un homme doit faire face à son passé.

 

« Asal » illustre la montée de la place de l’Islam à Tachkent et le choc de deux civilisations. C’est l’exploitation de la femme mais aussi les faiblesses de l’homme qui subit ou du moins qui ne sait pas échapper à la tradition.

 

« Cher et tendre » est une histoire de papiers et d’émigration. Mais également une histoire de misère vue par différents angles.

 

« Dettes » traite également de l’exil et de la famille mais cette fois il s’agit de savoir qui s’est le mieux adapté et de l’entraide entre immigrés.

 

« Les rapatriés » est l’histoire peu ordinaire d’un divorce. Cela commence comme une histoire d’amour et de retour au pays et cela finit par une séparation peu glorieuse et un retour aux US. C’est une de mes nouvelles préférées. On y retrouve la décadence, le mal du pays qui poussé à l’extrême donne au pays d’origine une aura inattendue, la trahison pour l’argent, …

 

« Il n’y aura pas de quatrième Rome » est la dernière nouvelle. Il y est également question de trahisons passées, à venir. C’est également une histoire de naissance voire de renaissance.

 

C’est une écriture qui rend à merveille cette atmosphère très particulière que j’ai pu ressentir quand je me suis rendue à Moscou et/ou en côtoyant des personnes des ces pays. On pourrait sans doute le définir comme le coté  sombre slave. C’est oppressant.

 

Bref un bon livre à lire pour connaître / appréhender le sort / les dilemmes de ces femmes de l’Europe de l’Est. Bien que les hommes soient peu présents dans ce livre ou alors en filagramme, leur sort n’a rien de vraiment enviable. On trouve également en filigrane un portrait des US peu flatteur. 

La première phrase de la première nouvelle :

"Depuis son arrivée en Amérique et son divorce, on avait à trois reprises essayé de caser Ilona Siegal.

11/12/2011

L'insu de Pierre Sauvanet

Tout d'abord un grand merci à YS, Newsbook et les éditions Arléa pour ce livre.

Un livre entre la philosophie et la psychologie. Ecrit il y a une trentaine d'année par l'auteur il ne sera publié que maintenant. L'auteur l'a retouché en partie.

118 points en 4 sections nous font découvrir ce qu'est l'insu pour P. Sauvanet. C'est un livre qui se lit en picorant. Il ne se prete pas à une lecture d'une traite. Il faut assimiler les différents concepts pour mieux apprécier la progression.

L'auteur nous explique la différence entre inconscient, les différents niveaux de conscience et l'insu. Il donne des exemples pour permettre une meilleure compréhension. Tout n'est pas clair (en tout cas pour ce qui me concerne) mais en général c'est explicite.

L'insu est un état qui permet de vivre et même d'agir sans en avoir une pleine conscience. En fait c'est entre la concentration extrême du sportif de haut de niveau ou du joueur de jeux video et l'automatisme qui permet de conduire ou de créer. C'est un état qui n'est pas celui de l'oubli tel que l'Alzeimer ou de l'inconscient Freudien mais un état qui permet de vivre.

Tout le livre est une quête pour définir ce qu'est et n'est pas l'insu. Car cela reste un état très éphémère et difficile à délimiter. Pour l'auteur, cet état est très particulier et la première partie tente d'expliquer cette recherche d'un graal entre conscience et inconscience qui permet d'arriver à une sorte de bonheur. L'auteur est par contre très clair sur le fait que ce n'est pas une non pensée. Se divertir n'est pas l'insu. L'art et sa pratique par contre le sont quand l'oeuvre se créée. A ce moment d'ailleurs apparait le verbe insuer. Dans ce livre on retrouve d'ailleurs de pensées sur l'art qui m'ont données envie de lire les oeuvres de cet auteur.

C'est un livre ardu, que j'ai apprécié à petites doses. Sa reprise 25 ans après sa première rédaction permet certainement de reprendre des points de vue différents. On peut penser que ces 25 ans ont permis une plus grande maturation du sujet. Néanmoins il me semble que cela revient à avoir des styles assez différents qui peuvent être déroutants. Parfois certains sujets arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe si je puis me permette. On ne voit pas forcement de logique mais plus des pensées qui se suivent sans avoir un fil conducteur (ex Ethique, violence, bégaiement...). En cela, la lecture peut être facilitée par un espacement dans le temps. Un livre qui devrait plaire à ceux qui aime réfléchir à ce qu'est la pensée et ses différents états, à ceux qui aime la philosophie; le rapport entre la création et la conscience.

Quelques phrases qui m'ont plu pour partager ce plaisir de lire:

"L'insu ce n'est pas souffrir dans tout son être d'un manque neurologique, c'est consciemment faire le vide pour vivre pleinement. p 121"

Une phrase de Deleuze "On n'écrit qu'à la pointe de son savoir, à cette pointe extrême qui sépare notre savoir et notre ignorance, et qui fait passer l'un dans l'autre. p 131"

"L'insu n'est pas une ignorance, mais un acte de dépassement du savoir- savoir sans insu n'est que ruine de l'âme p170".

"Prévoir: c'est ce que prévoient de faire nombre de cerveau, trop prévoyants. Quand l'avenir me hante, mord déjà sur mon présent - tel un futur remords- alors mon rythme de vie bascule, et je bascule avec lui. p 172."


Finalement pour le plaisir et dans la tradition de ce blog : la première phrase.

"Tout commencement est une maturation clandestine".

Merci à Newsbook aux éditions Arléa, à Ys et à P Sauvanet pour ce texte.

02/12/2011

Le gout des pépins de pommes. Katharina Hagena

Me revoilà après plusieurs semaines d’absence.

Ma liste de livre lue  a augmenté mais comme je suis en train de lire avec grand intérêt la série de Jean Auel, ma note portera sur la série complète (6 tomes !)… cela facilitera ma reprise en main de ce blog.

Je vais commencer par le gout des pépins de pomme de Katharina Hagena

C’est un livre nostalgique que j’ai lu il y a déjà plusieurs mois. Cette note est donc faite de souvenirs. C’est tout dans l’air de ce livre.

Il commence par un enterrement.

 2 générations de femmes se retrouvent face à la mort de la matriarche.  L’unique petite fille hérite la maison de sa grand-mère. Elle s’y rend pour ranger cette maison avant de la vendre. Pendant ce séjour, elle va revivre et nous faire découvrir l’histoire de sa famille. Une famille allemande qui a subit les affres de la guerre. Avec un grand père peut être moins bien que ce que l’on pouvait penser et une grand-mère qui avait également ses ombres.

Il y est également beaucoup questions de réminiscence, de mémoire et de sa perte. En effet la grand-mère souffrait de la maladie d’Alzheimer. Mais il y a aussi un drame qui lit toutes ses femmes et qui va petit à petit émerger du récit.

C’est un roman sur le temps qui passe, sur la perception qui évolue dans le temps, sur les souvenirs et leurs perceptions. C’est doux amer. C’est une saga familiale racontée d’une voix. Ma seule critique serait que la fin n’était pas nécessaire mais je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler le mystère.

C’est un 1er livre d’une Allemande : Katharina Hagena.  Son écriture est agréable, à la fois imagée et gouteuse si je peux me permettre dans le sens où elle nous transmet de nombreuses sensations (gout, odeur, couleurs) avec des descriptions heureuses et sensuelles.

J'aimais lire et manger en même temps (...). C'était merveilleux les histoires d'amour avec une portion de gouda, les récits d'aventures avec du chocolat aux noisettes, les drames familiaux avec du muesli, les contes de fées avec des caramels mous, les romans de chevalerie avec des cookies...