30/05/2011
"Venir au Monde" de Margaret Mazzantini
Décidément en ce moment, j’ai beaucoup de chance. Ce livre m’a beaucoup plu. Il est étonnant. L’histoire se passe entre l’Italie et surtout Sarajevo (aujourd’hui Bosnie Herzégovine). Comme je devais me rendre à Dubrovnik pour un congrès. C’était un hasard heureux. Je ne peux pas tout raconter pour ne pas gâcher le plaisir des lecteurs qui pourraient passer par ici, mais je vais essayer de leur donner envie.
Le livre est composé d’aller retour dans le temps. Au départ un appel téléphonique d’un vieil ami de Bosnie et une invitation à assister à une exposition commémorative du siège de Sarajevo : Gojko. Gemma décide de partir et d’emmener son fils, Pietro, né à Sarajevo pendant le siège. Pietro n’a jamais connu son père –photographe, mort à Dubrovnik. Au fur et à mesure du voyage Gemma est confrontée à son passé. Petit à petit, on perçoit qu’il y a des non dits, des silences…
On suit, pas à pas, cette grande histoire d’amour entre Gemma et le photographe. On découvre la version de Gemma (ce qu’elle sait) et puis ce qui s’est passé sans qu’elle soit vraiment informée.
Gemma et Diego se sont connus grâce au bosniaque Gjoko, poète amoureux malheureux de Gemma. C’est le coup de foudre à Sarajevo alors que Gemma doit se marier quatre mois plus tard. Mais ce mariage ne dure pas. Gemma et Diego vont alors vivre un grand amour à Rome. Malheureusement malgré de nombreuses tentatives, ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. Alors ce manque va hanter la vie de Gemma et changer du tout au tout la vie de ce couple. Après des tentatives de mère porteuse en Ukraine, le couple va repartir à Sarajevo juste avant la guerre. Ils y sont encore pendant les premiers jours des combats mais leur nationalité Italienne, leur permet de partir. Mais ce n’est pas sans avoir tenté une dernière fois d’avoir un enfant avec une jeune femme rencontrée sur place.
Rentré à Rome, Diego ne se remet de cette vie normale alors qu’à 2 heures d’avion, c’est la guerre. On comprendra ensuite pourquoi. Il repart à Sarajevo et va y rester durant tout le siège. Gemma va finir par le suivre et vivre ce siège. Ces pages sont terribles, on suit cette femme à la découverte de la guerre, de la mort, des privations, des horreurs, … c’est très fort et très bien écrit. Finalement Gemma revient avec « son » fils. Commence alors l’attente du retour de Diego. Il ne reviendra pas. Gemma refait sa vie avec un homme bon, qui devient le beau père de Pietro.
Lors du voyage à travers la Croatie et la Bosnie Herzégovine, Pietro va peu à peu découvrir sa mère et partir à la découverte de « son » père. On découvre en parallèle, la vie de l’ami Bosniaque et de sa famille pendant le siège et la guerre. On comprend comment la guerre, la violence, transforme les hommes les plus pacifiques. On y apprend les viols, les tortures, les camps… La fin est vraiment inattendue mais plausible. C’est un livre très fort sur le besoin d’avoir des enfants, les affres de la stérilité, le couple, la guerre, les liens entre personnes, ce que l’on pense savoir des autres, la perception, la réalité.
Gemma n’est pas un personnage très sympathique, égocentrique, trop belle, qui a l’habitude que le monde tourne autour d’elle. Elle est obnubilée par sa stérilité et va tout tenter pour avoir cet enfant. Elle y perd son mari mais y trouve sans doute une certaine humanité. Son mari est fragile mais aussi pathétique. Son père est très effacé. A la mort de la mère de Gemma et de Diego, il va beaucoup entourer Gemma.
Cet ami bosniaque est déjà malheureux avant la guerre mais la guerre va le transformer d’une façon irrémédiable et les circonstances font que l’on ne peut qu’avoir de l’empathie pour lui.
Quant au mari, Diego, il est perdu, il est faible et toutes ses tentatives finissent par se retourner contre lui. Mais que peut-il vraiment faire ??
Il y a un autre personnage très important mais je ne veux pas vous gâcher votre lecture.
En conclusion, un livre fort, à découvrir. Il m’a particulièrement touché puisque je me rendais pour la 1ere fois à Dubrovnik et que le siège a aussi touché cette partie de l’ex Yougoslavie. Il y a un mémorial dédié aux victimes du siège (6 dec 91, mai 92) avec des photos des attaques. Ces photos sont impressionnantes. 70% des 838 habitations ont été touchées. Ayant parcouru en long et en large la ville ; j’y ai vu peu de traces de la guerre, en dehors de toitures toutes neuves et des façades rénovées très blanches. Mais on peut penser que la vieille ville a été la première reconstruite pour attirer les touristes. En tout cas sans la lecture de ce livre, je ne pense pas que j’aurai été aussi consciente de cette guerre. Il faut toutefois se souvenir que le siège de Sarajevo a été beaucoup plus long que celui de Dubrovnik (92-95) et surtout la ville était 10 fois plus grande, les morts beaucoup plus nombreux.
Bref un livre superbe, à découvrir d’urgence.
1ere phrase: Le voyage de l'espoir... Des mots qui demeurent, parmi tant d'autres, à la fin de la journée.
Enfin rien à voir avec la guerre mais comme la Croatie dépend du tourisme, nous étions dans un très bel hôtel (Valamar President) avec un ascenseur funiculaire, une vue sur la mer extraordinaire de la chambre, un bon buffet petit déjeuner, très propre. Même si c’est la première fois que je vois un scorpion se balader dans l’hôtel. Non, non vous ne rêvez pas il y avait vraiment un scorpion de 2 à 3 cm qui se baladait sur la moquette du couloir du 2eme étage. Ne me demandez comment il est arrivé là. Mais cela restera un souvenir.
20:38 Publié dans Littérature Italienne, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
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